Who smeared Dutilleux as a Nazi collaborator when he was, in fact, a Résistant?
mainThe files have been brought out of the vaults. Two days ago, the Mayor of the 4th arrondissement of Paris refused to allow a plaque to be affixed on Henri Dutilleux’s apartment, claiming he had been a Nazi collaborator. Now, the curator of the national Résistance museum has published the facts, proving that Dutilleux and his wife Geneviève Joy were active in the underground fight against the German occupation and closely associated with some of its heroes.
We publish the curator’s letter below. It now seems likely that Dutilleux will get his plaque, though the smear will take some time to fade from his reputation, the more so since it has been picked up by German media.
The question remains as to how the foolish mayor of the 4th arrondissement and a Paris city councillor were fed false information about an innocent, and indeed honourable, member of the musical community.
The smear harks back to the 1960s and 1970s when Dutilleux and traditional composers were locked in dirty war with the ‘progressive’ forces of Pierre Boulez and the Left. Both sides behaved badly. Several composers lost their careers for falling on the wrong side. It would be fitting, in the month of Boulez’s 90th birthday, if peace was made and tribute was paid at last to Henri Dutilleux, among other collateral victims of the modernist crusade.
POUR LA MEMOIRE D’HENRI DUTILLEUX
Henri Dutilleux, le compositeur résistant, était membre du comité d’honneur du musée de la Résistance nationale (MRN) aux côtés de l’écrivain résistant Jean Cassou, du cinéaste résistant Jean-Paul Lechanois, du philosophe résistant Vladimir Jankelevitch, de l’artiste résistante Madeleine Milhaud, du poète résistant Pierre Seghers, des peintres résistants Boris Taslitzky et Édouard Pignon, ainsi que des résistant(e)s Lucie et Raymond Aubrac, Renée Bédarida, Jacques Debu-Bridel, Vincent Badie, Georges Montaron, Pierre Sudreau, Christian Pineau, Louis Terrenoire, Charles Lederman, Joel le Tac, Hélène Langevin, Henri-René Ribière, Marie-Claude Vaillant-Couturier, Jacques Piette, Gaston Cusin, Pierre Meunier, etc.
Une place justifiée qui honore le musée.
Avec son épouse la pianiste Geneviève Joy, résistante elle aussi, le 24 juin 2004, il présidait en l’église Saint-Eustache à Paris, le concert « Musiques résistantes, Musiques libérées » coproduit par le Musée de la Résistance nationale, le Musée du général Leclerc de Hautecloque et de la libération de Paris – Musée Jean Moulin et France musiques (Réalisation Karine Le Bail) pour le 60e anniversaire de la libération de Paris.
Le maire empêché, Christophe Girard, alors adjoint en charge de la culture et Odette Christienne en charge du monde combattant et de la mémoire, étaient à leurs côtés pour ce concert d’anthologie où furent jouées des œuvres de Jehan Alain, d’Elsa Barraine, de Francis Poulenc, de Georges Auric, de Manuel Rosenthal, de Darius Milhaud, de Louis Durey, de Claude Delvincourt, d’Henri Dutilleux mais aussi des œuvres du compositeur italien Mario Castelnuovo-Tedesco et du compositeur allemand Arnold Schönberg toutes écrites entre 1940 et 1945. L’élaboration de ce programme lui devait beaucoup : sa manière à lui de prolonger l’hommage à ses compagnons qu’avec Madeleine Milhaud ils avaient apporté le 9 mars 2001 au conservatoire de Champigny lors d’une d’une soirée d’hommage à Jean Cassou (animation : Marc Dumont, producteur à France Musiques).
La présence d’Henri Dutilleux au concert et au comité d’honneur du musée furent ses seules affirmations publiques de son engagement en résistance avec pour seul désir de témoigner de l’histoire méconnue du petit groupe de compositeurs et de musiciens qui, à l’exemple de tant d’autres patriotes engagés sur d’autres fronts résistants, avaient, par leur Art, continué la France, par leurs actes, contribué à sa libération et à sa renaissance.
L’histoire en résistance d’Henri Dutilleux et de ses compagnons est simple et courageuse.
Faisant suite à l’appel lancé, en mai 1941, par le Parti communiste français pour la constitution d’un « Front national de lutte pour la liberté et l’indépendance de la France » Elsa Barraine et Roger Desormière constituent le noyau fondateur d’un comité de « Front national des musiciens » en liaison avec Pierre Villon (dirigeant du Front national de lutte pour la liberté et indépendance de la France) et Louis Durey replié, alors, en zone non occupée.
En octobre 1941, un manifeste pour la profession est rédigé par Claude Delvincourt. Il paraît dans le numéro clandestin de L’Université libre aux côtés de ceux en direction des universitaires, des intellectuels de zone non-occupée, des médecins, des écrivains et des plasticiens. Autour de ce manifeste se regroupent entre l’automne 1941 et le printemps 1942 : Henri Dutilleux mais aussi Roland Manuel, Georges Auric, Francis Poulenc, Charles Munch, Manuel Rosenthal, Henry Barraud, Irène Joachim, Monique Haas, Marcel Mihalovici et Geneviève Joy. Leur devise « L’Art n’a pas de patrie, certainement. Mais les artistes en ont une ».
Autour du journal clandestin Musiciens d’Aujourd’hui dont le titre est dessiné par le plasticien André Fougeron, le groupe développe une résistance originale, spécifique sur plusieurs fronts. Musiciens d’Aujourd’hui tiré à 1 600 exemplaires, Le musicien patriote et une dizaine de tracts dénoncent l’aryanisation et la vassalisation de la musique réalisées par l’occupant et l’État français. Dans le même mouvement sont affirmées les positions éthiques à prendre par la profession et la défense du patrimoine musical français et celle des œuvres des compositeurs étrangers, notamment allemands, mis à l’index.
S’il doit, comme ses compagnons, consacrer une large part de son temps à des travaux alimentaires (notamment à des commandes de l’Etat français dont Forces sur le stade), tous font preuve d’une grande activité créatrice et de recherche. De nombreuses œuvres sont créées, notamment sur un répertoire de poésie clandestine, des travaux de musicologie sont entrepris. Ces créations ou des œuvres de contrebande sont jouées dans des concerts autorisés ou clandestins. Henri Dutilleux et ses camarades organisent et développent la solidarité envers leurs collègues juifs exclus (chefs de chant, danseurs, musiciens, électriciens, etc.) ou en exil (en premier lieu Madeleine et Darius Milhaud) : collectes ; planques des biens et des personnes ; fausses déclarations pour la perception des droits d’auteur (ceux de Jean Wiener par exemple), etc. Déjà en 1941, Henri Dutilleux s’était distingué en renvoyant, vierge avec pour seule inscription manuscrite « la honte ! » , à Alfred Cortot président du comité d’organisation professionnelle de la musique, le questionnaire officiel de l’Etat français pour « l’aryanisation » du monde musical.
Avec d’autres résistants, particulièrement Marie-Louise Böllmann-Gigout, militante de Défense de la France, s’organise la résistance au STO, l’aide aux réfractaires. En liaison avec Jean Rieussec, chef tapissier de l’Opéra de Paris et Camille Dézormes, dirigeants de groupes « Front national » à l’Opéra (orchestre et personnels) et dans les théâtres lyriques nationaux, le front économique et social n’est pas délaissé. Se mettent en place l’organisation des luttes contre le Comité d’organisation des entreprises du spectacle, la défense des conditions de travail et des salaires, l’indépendance des Arts du spectacle remis en cause par les accords passés entre la firme allemande « Continental » et la « Metro Goldwin Meyer », etc.
Le 18 août 1944, Henri Dutilleux et ses camarades se joignent à l’appel à la grève insurrectionnelle lancé par la Fédération clandestine des syndicats du spectacle. Un groupe de plus de cent FTP composé d’artistes et de techniciens de l’Opéra et des théâtres lyriques nationaux participe aux combats de la libération de Paris.
Dans le même temps, autour de Pierre Schaeffer, dans le studio d’essai clandestin de la radio, les compositeurs, et les musiciens du « Front national des musiciens », Henri Dutilleux, Manuel Rosenthal et Henry Barraud en tête, participent à la reconstruction et à la renaissance de la radio de la Libération : une radio de service public assurant l’enseignement et la diffusion de la culture.
Temps étrange où l’ignorance et l’oubli blanchissent sans murmure ceux qui se sont compromis au premier rang desquels Alfred Cortot et salissent ceux qui résistèrent.
Henri Dutilleux et Geneviève Joy de leur vivant auraient mérités la médaille de la Résistance et la reconnaissance de Justes parmi les nations, à titre posthume il revient à Paris et aux Parisiens d’exprimer leur reconnaissance d’avoir eu de tels artistes et de tels citoyens.
Guy Krivopissko
Conservateur du Musée de la Résistance nationale
Professeur d’histoire détaché
Co-auteur de la communication consacrée au Front national des Musiciens au colloque « La vie musicale sous Vichy » sous la direction de Myriam Chimènes, éditions Complexe
photo (c) Marion Kalter/Lebrecht Music&Arts
The ‘war between progressives and traditionalists’ of the sixties and seventies was of a different nature: the Boulezbian gang attacked anybody who did not believe in their ideologies, or had doubts about them, by labelling them ‘conservative’ and an enemy of ‘the new’. In reality, the then ‘fashionable’ serialism wanted to replace music by ‘pure sound’ which was a totally new art from like photography next to painting. It was the Boulez gang who were the aggressors, not the traditionalists who had all the right to be sceptical and critical.
Read Boulez’ “Orientations”, Harvard University Press 1986, which is a collection of B’s writings, and it will be clear who the aggressor was. In those years, normal discussion was impossible, like in the Soviet Union critical voices were simply condemned as from ‘enemies of the People’. So, new music could not be bad, because how could one know?
In the eighties I spoke with the head of music at the French radio and he explained that they tried to defend new music like Dutilleux’ against all those attacks from the narrow-minded ideologies as represented by ‘modernism’. It was not a struggle between the old and the new, but between musical and sonic values, so something much more fundamental. The establishment of non-musical values led to the deplorable state of new music we see now all arund us – apart from some exceptions: in France notably the new-traditionalist composer Nicolas Bacri who converted from high ircamesque modernism to a new form of tonal tradition, creating the really new of today.
I understand the actual theory behind the “democracy” of the twelve tone system; and in ways it works. But it’s also quite silly that this is democratic. To begin with this is only in the well tempered system you have such a limitation of notes to twelve (that’s already undemocratic). The whole supposed circle of fifths that creates the twelve already doesn’t exist. NOT ONE of those intervals that ends up where it started is a fifth, you’ve skipped the whole Pythagorean comma, and you’ve limited an infinite variation of pitches to just 12. Voila: democracy of 12. I’m not dissing that wonderful compromise, and all of the merit there is there. It’s quite a thing to tune your own piano and find yourself in Dicken’s Christmas story The Bells, being you’re trying to bring two worlds together: the fifths that remain pure in essence (I think the mind retunes these, by itself: fractals) but they are only in compromised form in the physical tuning, so there are two intersecting worlds as in Dicken’s story. And it’s very helpful to have a keyboard one can play modulating to each key it would contain without having to re-tune it for every key change, or have so many keys that you get lost trying to find the one you need while most are never used. But then, with modern electronics you can actually re-tune each key as you’re going, given midi mechanisms, and although this is one of the four main elements of music (volume, Pitch, Rhythm and Timbre) you don’t find this being used hardly at all. There goes democracy out the window again.
To turn serial music into something political where someone is labeled as being against progress – the term Luddite comes to mind – are they still interested in the overtone series and how it creates natural chords (and Jazz harmony is more scientific then Western Theory, in this regard) – you do end up with a quite harsh politically correct sterility which is dismissive of something beyond it’s limitations.
When you study the math of the overtone system, also; and you see the power of sound (there are phonons that work with Quantum Entanglement as well as that fiber optics work with sound in a way which makes movement faster than light) you can understand perhaps how important such balancing you find in simple chords is, chords existing naturally in the overtone series. How this simple math works with neurons and balances thought and emotions, creating the immense perspective (beyond time) that it does.
I’m not dissing serial music, but I don’t think it’s more modern than Dutilleaux, or Evo Part, or even Silvio Rodriguez (but then we’re beyond “classical”).
That stated. Dutilleux deserves to have a plaque in his name.
By all means, lets arrange for Dutilleux’s plaque, and invite Boulez to be a guest speaker at the ceremony.
Where may I read more about this “dirty war” between musical traditionalists and musical progressives in the 1960s and 1970s?
I’d love to read a long article or short book on the topic, and would be grateful for recommendations.
A starting point:
https://en.wikipedia.org/wiki/Darmstädter_Ferienkurse
http://www.amazon.com/The-Classical-Revolution-Thoughts-Traditionalist/dp/0810884577
“Several composers lost their careers for falling on the wrong side” -Mr. Boulez has made a whole career out of being ALWAYS on the wrong side… Unfortunately for some of us who actually like music.
“Mr. Boulez has made a whole career out of being ALWAYS on the wrong side… Unfortunately for some of us who actually like music.”
Care to elaborate?
Mr. Boulez seems to have had a very nice career… Unless you believe that being a regular guest conductor with the best orchestras in the world conducting music from Ravel, Debussy, Stravinsky, Wagner and Mahler… is indeed wrong.
Any evidence for the claim that this smear originates with one of the ‘modernists’? One might be forgiven for thinking this paragraph was tacked on as a meaningless assault on the straw modernism of commentators’ dreams…
So crass philistinism has resurfaced after many a year of tranquility. I really thought that the battle between 12-tone composers and ‘traditional’ ones had settled down and that ‘new’ music had gained wide acceptance. It seems not. A few dinosaurs remain. What the anti-serial music people think is now irrelevant. It’s almost as dated as the controversy about Brahms vs Wagner. The second viennese school and its followers. i.e. Boulez, are now part of western culture as much as other modernist artists and should be enjoyed without prejudice.
Dear Norman,
I don’t think the letter you are publishing above has been written by Guy Krivopissko in reaction of the controversy. Especially since he doesn’t mention it at all!
But you can read this interview with musicologist Yannick Simon to get a better understanding of the “Affaire Dutilleux” and the musical life under the occupation:
http://www.classicaldiary.com/the-lab/blog/interview-musicologist-yannick-simon-about-henri-dutilleux-controversy
Now let’s put this plaque shall we?