Brazil – Le Monde awakes to the crisis
mainThe standoff in Rio – where half the musicians in the Brazil Symphony Orchestra have been sacked – has yet to be noticed in North American media. Le Monde, however, has a refined nose for trouble and its report grasps the cultural implications for all concerned, especially the conductor.
Roberto Minczuk est un maestro sans musiciens. Les membres de l’Orchestre symphonique brésilien (OSB), basé à Rio, qu’il dirige depuis 2005, refusent de jouer sous sa baguette, à la suite de plus de trois mois de conflit.
Les relations entre ce chef brésilien, âgé de 44 ans, et son orchestre, ont toujours été tendues. Dès 2008, les musiciens demandent son départ. Ils le jugent“cassant”, “autoritaire”. Ils lui reprochent aussi ses absences, ses engagements à l’étranger. Il dirige notamment l’Orchestre philharmonique de Calgary (Canada).
Le malaise au sein de l’OSB – fondé en 1940 – éclate le 6 janvier quand les musiciens sont informés qu’ils devront passer des tests. Objectif officiel de cette procédure : “Monter un orchestre d’excellence.” Refus immédiat des musiciens. Testés lors de leur recrutement, ils peuvent être évalués à chaque répétition.
La Fondation OSB, contrôlée par la banque publique de développement BNDES et le géant minier brésilien Vale, se range du côté de Roberto Minczuk. Sur les 79 musiciens qui réclament le départ du chef, 44 boycottent les épreuves et 32 sont licenciés fin mars pour “indiscipline”.
Nouveau rebondissement le 9 avril, lors de l’ouverture de la saison au Théâtre municipal, l’Opéra de Rio. Pour remplacer l’orchestre, le chef a mobilisé 80 jeunes musiciens de l’OSB. Entrés en scène avec leurs instruments, ils la quitteront après que Roberto Minczuk aura tenté en vain de les diriger sous les huées du public. L’un d’eux essaie de lire un manifeste. Peine perdue : la sono du théâtre est débranchée, le concert annulé. Les jeunes iront rejoindre leurs aînés licenciés qui, en signe de protestation, jouent devant l’Opéra. Plusieurs grands artistes brésiliens, dont le pianiste Nelson Freire et la danseuse étoile Ana Botafogo, ont annulé leurs représentations par solidarité.
“UNE CERTAINE INDOLENCE”
L’OSB a-t-il progressé depuis que Roberto Minczuk est au pupitre ? Les avis sont plus que partagés. Mais les salaires ont nettement augmenté et le chef justifie ses exigences au nom d’un vaste projet de renouveau artistique, et où les musiciens travailleront 27 heures par semaine, au lieu de 21. En contrepartie, ils seraient les mieux payés d’Amérique latine. Il dénonce “une certaine indolence” au sein de l’OSB : “Très peu d’interprètes étudient leurs partitions chez eux avant la première répétition.” Plusieurs grands chefs invités à Rio s’en sont plaints, dit-il.
Pour sortir de l’impasse, la Fondation propose de réintégrer les musiciens licenciés, tout en maintenant les tests. Bel effort. Mais on voit mal comment l’Orchestre pourrait retrouver, avec le même chef, son indispensable harmonie.
Jean-Pierre Langellier (Rio, correspondant)Article paru dans l’édition du 24.04.11
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